Ringard ? Désuet ? le péché ?
Des réponses à vos questions
« Heureux l’homme dont le péché est pardonné. » (Ps 32,1)
Le péché…
Voilà un mot qui n’est plus à la mode ! Il arrive que la publicité évoque le péché, par exemple le péché de gourmandise… avec le sourire. Evocation d’une notion ancienne dont nous nous sommes libérés… pour notre plaisir et le profit… du système. Image négative du péché qui étouffait notre désir. Nous serions donc libérés de cette peur du péché qui limitait notre désir de bonheur.
Nous avons bien conscience du mal, du malheur qui marque notre monde ; le mal que nous subissons, que nos proches ou des peuples lointains subissent : catastrophes naturelles, violences de toutes sortes, injustices, mensonges… Le mal apparaît pour une part comme une fatalité ou comme quelque chose dont les autres sont responsables, pas nous-mêmes.
Se reconnaître pécheur
Pourtant, qui d’entre nous n’a pas ressenti un sentiment de culpabilité ; cette honte intérieure à l’égard de soi, pour une maladresse, une parole un peu vive, un service manqué ? Qui n’a pas été appelé devant les autres à reconnaître non seulement une erreur, mais une faute ? Qui n’a pas attendu ou attend peut-être encore, un pardon, une réconciliation, pour connaître enfin le bonheur ? Reconnaître sa faute n’est déjà pas évident… de là à se reconnaître pécheur…
Se placer sous le regard aimant de Dieu
La disparition du péché est normale ! Elle correspond à la mise à l’écart de Dieu dans nos vies et dans la vie sociale. Est-elle libératrice ? Pas sûr ! Sa disparition me laisse enferme dans ma culpabilité, me laisse seul avec ma faute. Je m’en sors le plus souvent en pensant à autre chose. La foi en un Dieu qui m’aime m’en fait sortir « par le haut ». Face à mes limites, la foi a un double effet. A la vue de l’amour de Dieu, de ce que je lui dois, de ce que je dois aux autres, je découvre mon péché. « Par pensée, par parole, par action ou par omission », je me suis coupé de la source de vie. En même temps, je découvre que cet amour est celui d’un père prêt à pardonner à son enfant. Ainsi en découvrant que nous sommes pécheurs, nous découvrons la miséricorde de Dieu. En découvrant l’amour infini de Dieu manifesté par les choix de vie de Jésus, nous prenons la mesure de nos péchés. Le péché est rupture de relation, refus d’aimer ; là, réside pourtant notre vocation, ce à quoi Dieu nous appelle.
Le moment favorable
Le temps de Carême est le moment favorable pour redécouvrir le sens du péché… du péché qui ne nous enferme pas mais nous dispose à être renouvelés par le pardon de Dieu. Nous reconnaitre personnellement et nous reconnaître mutuellement « pécheurs pardonnés ».
Antoine Viry
Editorial bulletin ENSEMBLE n° 29 mars 2018